À mort l’arbitre ! by Alfred Draper

À mort l’arbitre ! by Alfred Draper

Auteur:Alfred Draper [Draper, Alfred]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
Éditeur: Gallimard - Série Noire
Publié: 1972-03-14T23:00:00+00:00


XVIII

Quand ils se retrouvèrent enfin à la discothèque, il y avait trop de monde pour pouvoir parler librement, car à peine Ben s’était-il assis à sa table de coin habituelle qu’il fut entouré par les membres de la bande qui voulaient tous parler du meurtre. Ils étaient tellement surexcités et débordants de gaieté factice que Ben jugea qu’ils allaient tous se faire remarquer.

— Ça, c’est un coup fumant, hein, Ben ? fit un gamin. On aurait jamais cru qu’il allait se faire rétamer comme ça. C’est bien fait pour sa gueule.

Un autre déclara, d’un petit air entendu :

— J’espère que les poulardins vont pas venir fureter par ici en se figurant qu’on a quelque chose à voir là-dedans.

Bien qu’innocent, il s’arrangeait pour donner l’impression qu’une visite de la police serait catastrophique. Ben comprit qu’il voulait seulement faire croire qu’il en savait plus long qu’il ne voulait le dire. Il agissait ainsi pour se faire mousser, mais ça pouvait être dangereux.

— Ferme un peu ta grande gueule, lança Ben d’un ton cassant.

Jeannie renchérit avec indignation :

— Les petits cons de ton espèce qui se mettent à dire n’importe quoi, ça risque de faire croire des choses.

— Ben quoi, vous fâchez pas ! fit un autre gamin. Si on peut plus causer… Qu’est-ce que ça peut bien faire si les flics viennent ici ? On n’en a rien à foutre, puisqu’on n’est pas dans le coup.

Devant l’expression de Ben, une nuance de doute s’insinua dans sa voix.

Ce qui poussa un autre gamin, arrêté à la suite du désordre à la sortie du terrain de football, à protester :

— Moi, j’ai eu une amende de vingt-cinq livres parce que j’avais fichu des coups de pied dans sa voiture. Faudrait pas qu’un petit futé de flic aille en conclure que j’ai quelque chose à voir là-dedans.

L’anxiété de Caleb ne cessait de croître. Il voyait que Ben ne se laissait pas démonter, il mourait d’envie de lui demander ce qui s’était passé au commissariat, mais ce n’en était manifestement ni le lieu ni le moment. Eh bien, il allait leur montrer qu’il était capable, lui aussi, de ne pas se laisser démonter, et de ne pas s’affoler comme ils l’en accusaient toujours.

Ben se leva.

— Moi, je suis pas dans le coup et je peux le prouver. Alors, le premier que j’entends dire le contraire, je lui casse la gueule. Pigé ?

Le silence qui s’ensuivit fut une garantie que personne ne se hasarderait à insinuer qu’il pouvait être impliqué dans l’affaire.

— On va discuter entre nous. Rien que nous trois. Et si vous avez pour deux sous de jugeote, vous autres, vous causerez pas de tout ça. Même pas entre vous. Faites comme si ça n’existait pas. À l’entendre, on aurait dit que ce crétin voulait qu’on l’agrafe.

Là-dessus, il tira Jeannie par le bras pour l’obliger à se lever et se fraya un chemin vers la sortie à coups d’épaule.

Quand ils furent dehors, Caleb lui demanda :

— Où est-ce qu’on va parler, Ben ?

— Sais pas. Dans un bistrot tranquille. On a des tas de trucs à voir.

— D’accord. Va devant, je te suis, dit Caleb en enfourchant son scooter.



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